À peine un peu plus d’un an après la dernière Ariane 5, la nouvelle fusée européenne s’est envolée dans le ciel pour la toute première fois mardi, depuis le Centre spatial guyanais. Ce premier succès, quasi-total devrait ouvrir la voie à de nombreux autres.

Une boule de feu a traversé le ciel guyanais, mardi, à partir de 16heures. Ariane 6 s’est envolée pour la toute première fois et on a pu observer son ascension de longues secondes depuis Kourou et ailleurs en Guyane. Ce lancement, c’est à la fois l’aboutissement de plus de douze ans de travail pour des milliers de personnes, mais également le début d’une toute nouvelle page de l’histoire spatiale.

Ariane 6, était devenue celle que l’on moquait pour ses quatre années de retards et d’imprévus. Elle était devenue le symbole d’une Europe qui reste au sol alors que les Américains, les Indiens et les Chinois multiplient les lancements chaque mois, voire chaque semaine.

La machine est désormais relancée. « L’Europe est de retour, Ariane est de retour », s’est réjoui Philippe Baptiste, le président du Cnes (Centre national d’études spatiales). « Ce lancement fait entrer l’Europe dans une nouvelle ère de transport spatial autonome et lui permet d’aller dans l’espace pour réaliser ses ambitions sur la scène mondiale », a commenté l’Agence spatiale européenne (ESA).

Un succès quasi-total

Bien qu’elle ait emporté onze petites charges utiles, la première Ariane 6 était avant tout un vol test. Mais pas un vol pour de faux pour autant. Raymond Boyce, le directeur des opérations (DDO), expliquait avant le lancement : « Les charges utiles sont embarquées presque à titre gracieux, on n’a pas pris le risque de faire comme pour la première Ariane 5 [qui s’était soldé par unéchec, NDLR]. C’est plutôt le lanceur que l’on veut qualifier pour le futur. On a positionné davantage de capteurs pour être encore plus serein pour les prochains lancement. »

Même après le décollage, il fallait rester concentré. Pour cause, la mission était longue. 2 h 50 au cours desquels les ingénieurs aux commandes ont testé les différentes caractéristiques de la fusée. Tout se passait très bien. La salle de contrôle Jupiter applaudissait après la réussite de chaque étape intermédiaire. Les décisionnaires se sont même félicités avant la fin de la mission, à l’image de Stéphane Israël, PDG d’Arianespace qui a indiqué : «Sur une note personnelle, j’ai eu l’impression que c’était un lancement plus facile qu’Ariane 5. La chronologie s’est très bien passée. »

« Seule la fin de la mission est impactée »

Pourtant, alors que le que la fusée se dirigeait vers un succès total, un léger imprévu est venu assombrir le tableau après 2 h 30 demission. Juste avant le troisième allumage du moteur Vinci, la trajectoire n’a pas suivi celle qui était prévue. « Seule la fin de la mission est impactée » a précisé l’ESA après coup. Les deux dernières capsules n’ont pas pu être relâchées. Le succès en devient donc relatif. « C’est malheureux » a admis le PDG d’ArianeGroup, Martin Sion. Mais l’important, c’est que « cela n’aura aucune conséquence sur le programme des prochains vols», assure Stéphane Israël. « Nous sommes prêts à faire un autre vol cette année et six l’année prochaine », continue le PDG d’Arianespace. La prochaine Ariane 6 est programmée pour le mois de décembre, et marquera le début de la carrière commerciale du lanceur. Ariane 6 détient déjà près de 30 missions en carnet de commande. Cette grande première marque effectivement le début de l’augmentation de la cadence de tir à Kourou.

Regain d’activité promis à Kourou

Franck Huiban, directeur des programmes civils à ArianeGroup rappelle : « Ariane 6 est conçue pour permettre jusqu’à douze lancements par an. Ariane 5 est monté jusqu’à sept. Nous devons être capables de lancer deux Ariane en quinze jours. » Ce retour en force s’accompagne du développement des fusées Vega-C, ainsi que de la mise en exploitation prochaine du site Diamant pour les micro-lanceurs. La base spatiale kouroucienne va progressivement retrouver son souffle perdu. Le directeur du CSG, Philippe Lier, espère ainsi pouvoir « enchainer des tirs potentiellement tous les trois jours. »

Le maire de la ville, François Ringuet voit aussi ce lancement comme un « redécollage de Kourou. Notre ville, c’est plusieurs milliers d’emplois directs et indirects liés au spatial. On est accrochés à cette activité. »
Ce sont donc Kourou et l’Europe de l’espace qui repartent de  l’avant.


source : France Antilles