Alors qu’Ariane 6 se rapproche tout doucement de son premier lancement – entre le premier tir d’Ariane 5 en juin 1996 et le premier d’Ariane 6, promis fin juin, il s’est passé vingt-huit ans –, le président de la République Emmanuel Macron, en visite de quarante-huit heures en Guyane et au port spatial de Kourou, a annoncé les noms des entreprises lauréates d’un appel à projets du Centre national d’études spatiales (Cnes) concernant le financement de projets spatiaux innovants dans le domaine des mini et microlanceurs.
Le président de la République souhaite accélérer la course au spatial de la France dans le domaine des microlanceurs : des fusées capables, à moindres frais, de lancer des satellites de taille et de poids modestes. Pour cela, la France a décidé de sélectionner et d’accompagner financièrement certains acteurs émergents du secteur en se positionnant auprès de ces potentiels futurs champions comme leur tout premier client.
400 millions d’euros de financements… à la performance
L’État français va acheter aux entreprises sélectionnées leur premier lancement, généralement un vol test, pour un montant d’environ 400 millions d’euros. Une somme qui ne sera totalement débloquée que si les « start-up de l’espace » réussissent leur tir et respectent les délais.
Le but de la « manœuvre » : fabriquer des champions capables de s’imposer sur le marché européen, potentiellement porteur, mais aussi extrêmement sélectif du lancement de satellites.
Deux des quatre sociétés sélectionnées sont positionnées sur des mises en orbite de masses situées entre 700 kg pour Sirius Space et 1,5 tonne pour MaiaiSpace. Elles espèrent réaliser leur premier lancement en 2027. Les deux autres sociétés lauréates développent des technologies pour des lancements de charges situées entre 100 et 200 kilos. Il s’agit de la société rémoise Latitude, qui espère lancer dès fin 2026, et la bordelaise HyPrSpace qui, elle, vise plutôt 2027.
HyPrSpace a fait sauter un verrou technologique
La girondine HyPrSpace (dont le siège est au Haillan) a été créée en 2019 par un ancien d’ArianeGroup, Sylvain Bataillard, avec Alexandre Mangeot et Vincent Rocher. Cette jeune pousse innovante, également connue sous le nom Hybrid Propulsion for Space, développe un microlanceur hybride : une architecture de propulsion qui fait sauter un verrou technologique en combinant carburant solide et un carburant liquide. Actuellement, la société HyPrSpace compte une vingtaine de salariés.
Après avoir levé 1,1 million d’euros auprès des fonds Geodesic et French Tech Seed ainsi que d’investisseurs privés, HyPrSpace et son lanceur « Orbital Baguette » ou OB1 (prononcé à l’anglaise, il représente un clin d’œil à la saga « Star Wars »), qui promet une division par deux des coûts de lancement, s’était vu attribuer plus de 30 millions d’euros de financement dans le cadre du Plan de relance France 2030 pour son « projet agile de développement d’accès à l’espace » ou PADA1… autre clin d’œil à la saga de George Lucas.