Thales et ArianeGroup vont faire équipe pour la future capacité de frappe dans la profondeur de l’armée de Terre




Lors de l’élaboration de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, par la voix du général Pierre Schill, son chef d’état-major [CEMAT], l’armée de Terre avait insisté pour moderniser et, surtout, renforcer sa capacité de feux dans la profondeur, à la lumière des retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine. En clair, il s’agissait de remplacer, au plus vite, le Lance-roquettes unitaire [LRU], dont elle ne dispose plus que de 9 exemplaires après les cessions faites aux forces ukrainiennes.

Si l’hypothèse d’un achat du système américain M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System] a pu être évoquée par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, la LPM 2024-30 précise qu’une « solution souveraine » doit être « privilégiée ». Et cela afin de se prémunir contre toute restriction éventuelle d’emploi. À cette fin, la Direction générale de l’armement [DGA] a fait savoir, en octobre, qu’elle lancerait un « partenariat d’innovation » pour cette future capacité de frappe dans la profondeur.

Dans le détail, une telle procédure se déroule en trois temps : des contrats de recherche et développement sont d’abord notifiés aux industriels intéressés. Puis, les solutions jugées les moins prometteuses sont ensuite éliminées tandis que celles retenues seront de nouveau mises en concurrence. La plus efficace fera l’objet d’une commande.

L’ambition de ce programme va au-delà du simple remplacement des LRU puisqu’il vise à doter l’armée de Terre de la capacité de frapper une cible située à 120/150 km, voire à 500 km et plus. Reste à voir les industriels français susceptibles de proposer des solutions. En mai 2023, Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement, avait cité MBDA, Safran et ArianeGroup.

Depuis, on sait que Safran s’est associé avec MBDA autour d’un concept reposant sur une version sol-sol de l’Armement air-sol modulaire [A2SM, encore appelé Hammer]. Ce duo vient d’être rejoint par un tandem formé par ArianeGroup et Thales.

Selon La Lettre, qui a révélé cette information, Thales sera chargé de concevoir les éléments de commandement et de contrôle [C2] ainsi que le système de guidage et de navigation de la munition, dont le développement sera assuré par ArianeGroup. Il n’est pas exclu qu’il s’agisse d’un missile semi-balistique tactique, comme le MGM-140 ATACMS [Army TACtical Missile System] tiré par le M142 HIMARS. D’ici à ce que l’on ressuscite le missile Hadès en version conventionnelle…

Pour rappel, la LPM 2024-30 prévoit de doter l’armée de Terre d’au moins 13 systèmes de frappe à longue portée à l’horizon 2030 [13 autres devront suivre par la suite]. Une enveloppe de 600 millions d’euros a été prévue à cette fin, dont 124 millions au titre de l’exercice 2024.