L'année 2023 a été marquée par une vague de mouvements sociaux à travers l'Europe, principalement motivée par les revendications salariales. Face à une inflation galopante et une augmentation continue du coût de la vie, de nombreux travailleurs ont fait grève pour obtenir des augmentations de salaire. Une analyse d'Eurofound, publiée le 29 juillet, montre l'ampleur et la diversité de ces conflits dans les différents pays européens.
Les secteurs des transports, de l'éducation, de la santé et de l'industrie manufacturière ont été particulièrement touchés par les grèves. Même dans des pays traditionnellement stables, comme l'Autriche ou le Luxembourg, des actions syndicales sans précédent ont eu lieu. L'Autriche, par exemple, a vu d'importantes manifestations contre la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, tandis que le Luxembourg a connu plusieurs grèves dans le secteur public, y compris dans l'éducation et les soins sociaux.
Les données révèlent une forte hausse de l'action syndicale en 2023. En France, les jours de grève ont augmenté de 71 % par rapport à l'année précédente. Aux Pays-Bas, le nombre de grèves atteint un niveau jamais vu depuis 50 ans, tandis que l'Allemagne et l'Autriche ont été confrontées à des négociations collectives tendues. Par contraste, l'Espagne a vu une diminution relative des conflits, même si des secteurs comme la métallurgie et le nettoyage ont été marqués par des mobilisations.
Le secteur des transports a souvent été au cœur des mouvements sociaux, comme en Grèce où un accident ferroviaire en février 2023 a entraîné une grève massive des cheminots. En Norvège, une grève d'une ampleur historique à eu lieu dans le secteur privé, une première depuis la Seconde Guerre mondiale, illustrant la gravité des tensions salariales. De nombreux pays, tels que Chypre, la Croatie et la Hongrie, ont également connu des mouvements de grève significatifs, notamment dans le secteur public.
La principale revendication de ces mouvements sociaux est l'augmentation des salaires pour compenser l'inflation. Pratiquement tous les pays de l'Union européenne ont été touchés, à l'exception du Danemark. En Italie, une grève générale a été organisée en novembre pour contester une loi budgétaire jugée insuffisante face à la flambée des prix. Aux Pays-Bas, même le personnel de la Fédération des syndicats néerlandais (FNV) a manifesté pour obtenir l'indexation des salaires sur l'inflation, une première dans l'histoire du pays. Deuxième raison pour laquelle des grèves ont jailli en 2023 : les conditions de travail, avec 11 pays concernés dont la France, la Belgique ou encore le Luxembourg.
Un fait marquant de cette année 2023 est l'apparition de grèves dans des pays habituellement calmes sur le plan social, tels que l'Irlande, où les travailleurs du secteur bénévole ont réclamé de meilleures conditions de travail, ou l'Autriche, où les des syndicats ont organisé de grandes manifestations pour dénoncer l'augmentation des prix de l'énergie et des produits alimentaires.
Les conflits du travail ont pris différentes formes selon les pays, les grèves étant le type le plus courant. Les travailleurs de plusieurs pays ont lancé des grèves d'avertissement, comme en Autriche (santé et éducation), en Estonie (éducation et transport maritime), en Hongrie (industrie manufacturière) et en Lituanie (éducation). Au Danemark , en Norvège et en Suède , les salariés ont engagé des grèves de solidarité pour soutenir les travailleurs d'autres pays.
Malgré l'ampleur de ces mobilisations, les résultats ont souvent été mitigés. Si certains pays ont accordé des augmentations salariales partielles ou des primes ponctuelles, comme en Roumanie ou en Slovaquie, d'autres conflits se sont enlisés. En Hongrie, par exemple, les enseignants n'ont pas obtenu satisfaction et leur droit de grève a même été restreint. Dans plusieurs cas, comme au Luxembourg ou en Espagne, une médiation externe a été nécessaire pour trouver des solutions aux conflits, présentant la difficulté pour les partenaires sociaux à aboutir à des compromis durables. L’échelle des augmentations salariales a varié de 5,5 % à 25 %. Cependant, aucune avancée claire en matière d’augmentation des salaires n’a été signalée pour la Belgique, la Grèce, la Finlande, la France, la Hongrie, la Pologne, le Portugal et la Slovénie.
En conclusion, l'année 2023 aura été marquée par une intensification des revendications salariales dans toute l'Europe, révélant des tensions sociales croissantes face à l'inflation. Les grèves, parfois historiques, ont souligné l'urgence pour de nombreux gouvernements de répondre à la détérioration des conditions de vie des travailleurs, et à la nécessité de rétablir un dialogue social efficace.